
Sécurité routière au travail : un enjeu stratégique pour les DRH, entre prévention et responsabilité

Souvent relégué au second plan derrière d’autres risques professionnels plus visibles, la sécurité routière au travail reste largement sous-estimée par les entreprises. Pourtant, les conséquences humaines, sociales, organisationnelles et juridiques des risques routiers sont majeures.
Dans ce contexte, les directions des ressources humaines ont un rôle clé à jouer. À la croisée de la prévention des risques, de la qualité de vie au travail, de la gestion des absences et de la conformité juridique, la sécurité routière s’impose comme un enjeu stratégique RH à part entière.
Comment les DRH peuvent-elles s’emparer de ce sujet ? Pourquoi est-ce un levier de performance globale pour l’entreprise ? Et quelles actions concrètes peuvent être mises en œuvre pour réduire les risques et protéger les collaborateurs ? On vous en dit plus dans cet article !
L’urgence d’une prise de conscience pour les DRH
Une réalité trop souvent négligée
Chaque jour, des milliers de salarié·es prennent la route pour se rendre au travail ou effectuer une mission. Ce geste quotidien, anodin en apparence, cache un risque majeur : le risque routier est la première cause de mortalité au travail en France.
En 2023, 1 132 décès ont été enregistrés dans le cadre d’un accident lié au travail. Parmi eux, 67 % ont eu lieu lors de trajets domicile-travail, et 33 % pendant une mission professionnelle.(1)
Un enjeu RH stratégique
Ces accidents ont des conséquences humaines, mais aussi organisationnelles, juridiques et économiques. Ils génèrent de l’absentéisme, désorganisent les équipes et peuvent mettre en cause la responsabilité de l’employeur.
Pour les DRH, intégrer la sécurité routière dans la politique RH, c’est réduire les risques, améliorer la qualité de vie au travail (QVCT) et anticiper les responsabilités juridiques.
Des chiffres qui interpellent
Dans la région Grand Est, les trajets domicile-travail représentaient 21 % des accidents en 2023, avec 26 décès(1). Pourtant, une enquête récente indique que seuls 53 % des chefs d’entreprise se sentent concernés par leur responsabilité en cas d’accident sur ce type de trajet.
Ces chiffres doivent inciter les directions RH à agir sans attendre.
Impacts concrets des risques routiers professionnels
Les conséquences d’un accident de la route, qu’il survienne sur le trajet domicile-travail ou lors d’une mission, vont bien au-delà de l’événement lui-même. Pour le ou la salarié·e, il peut s’agir d’un traumatisme physique lourd, nécessitant des arrêts de travail prolongés, voire entraînant une incapacité permanente. À cela s’ajoutent les répercussions psychologiques, souvent sous-estimées.
Pour l’entreprise, ces accidents induisent une désorganisation opérationnelle : absentéisme imprévu, nécessité de réorganiser les équipes, baisse de la productivité. À cela s’ajoutent des coûts financiers importants : indemnités, remplacement, retards, voire pertes de marchés.
Enfin, dans les cas les plus graves, l’image de l’entreprise peut être fortement écornée, notamment si la médiatisation de l’accident révèle des manquements à ses obligations de prévention.
Sécurité routière au travail : obligations légales et responsabilité des employeurs
Une obligation de sécurité incontournable
La loi est claire : l’employeur est tenu d’une obligation de sécurité envers ses salarié·es. Cela inclut également les risques liés aux déplacements professionnels.
Des sanctions civiles et pénales possibles
En cas de manquement :
- L’entreprise peut être tenue civilement responsable,
- Des poursuites pénales peuvent être engagées (ex : homicide ou blessures involontaires),
- Des amendes ou dommages et intérêts peuvent être prononcés.
Les principaux manquements relevés
Certaines négligences sont récurrentes :
- Absence d’évaluation des risques routiers dans le document unique.
- Manque de formation ou de sensibilisation des salarié·es.
- Non-respect des temps de conduite et de repos, notamment dans le secteur du transport.
- Utilisation de véhicules défectueux ou non conformes.
Dans certaines situations, la faute peut être qualifiée d’inexcusable, notamment si l’employeur avait conscience du danger mais n’a pas pris les mesures nécessaires. La jurisprudence est de plus en plus sévère, et les DRH ont tout intérêt à agir en amont.iques.
Bonnes pratiques pour une politique RH efficace de prévention routière
Former et sensibiliser sur la durée
La première étape consiste à renforcer la prise de conscience des risques. Des formations à la conduite préventive, des modules e-learning, ou encore des campagnes internes de sensibilisation sont autant d’outils efficaces.
Mais ces actions doivent s’inscrire dans la durée. La formation continue permet de maintenir l’attention et de faire évoluer les comportements.
Repenser l’organisation du travail
Certaines mesures simples peuvent faire la différence :
- Aménager les horaires pour éviter les pics de circulation,
- Éviter les réunions tardives après de longs trajets,
- Favoriser le télétravail ou les mobilités douces quand c’est possible.
Une charte de mobilité responsable peut également poser un cadre clair.
Miser sur les outils technologiques
Les outils numériques offrent aujourd’hui des solutions innovantes pour sécuriser les déplacements :
- Boîtiers de suivi de conduite,
- Systèmes d’alerte de fatigue ou de conduite à risque,
- Applications de navigation optimisées pour les professionnels.
Ces outils doivent être déployés avec transparence, dans une logique de protection et non de surveillance.
Instaurer une culture de la sécurité
Enfin, la prévention des risques routiers ne peut être efficace sans une implication forte de la direction. Elle doit porter une culture de la sécurité à tous les niveaux de l’organisation, intégrer ce sujet dans les valeurs de l’entreprise, et en faire un indicateur de performance RH à part entière.
Conclusion : faire de la sécurité routière un levier de performance RH
La sécurité routière est bien plus qu’une obligation légale. C’est un enjeu stratégique pour les DRH, un levier puissant d’amélioration de la qualité de vie au travail, de performance collective et de maîtrise des risques juridiques.
Mettre en place une politique de prévention ambitieuse et cohérente, c’est investir dans la pérennité de l’entreprise, protéger ses salarié·es, et renforcer la confiance au sein des équipes.
À l’heure où les risques psychosociaux, les enjeux de QVCT et la responsabilité sociale de l’entreprise sont au cœur des priorités RH, il est temps de considérer la sécurité routière comme une priorité à part entière.
Ressources utiles
- INRS – Risque routier professionnel : définitions, chiffres, obligations légales, outils pratiques, vidéos et guides pour intégrer la prévention au travail.
- Sécurité Routière – Entreprises et prévention : Conseils aux employeurs, « 7 engagements pour une route plus sûre », outils de communication interne et témoignages d’entreprises engagées.
- Ameli Entreprise – Risque routier professionnel : Informations sur les démarches à effectuer en cas d’accident de trajet d’un salarié.
- CARSAT (ex. Normandie) · rechercher « risque routier » : Guides régionaux avec des recommandations concrètes, outils d’analyse des risques et exemples d’actions de prévention.
Sources
- (1) Bilan 2023 de l’accidentalité routière en France · Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR) · Septembre 2024
- (2) Le risque routier professionnel · grand-est.developpement-durable.gouv.fr · 12/02/2025
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