L’équilibre entre la vie professionnelle et personnelle des proches aidants : un enjeu pour les entreprises

Aujourd’hui en France, 11 millions de personnes apportent de l’aide à un proche en perte d’autonomie. Au regard du vieillissement de la population, une part de plus en plus grande de la population est concernée par ce statut.
équilibre entre la vie professionnelle et personnelle des collaborateurs proches aidants

Une préoccupation à l’échelle nationale

Un sondage mené par la Fondation April et BVA nous précise qu’un Français sur six accompagne quotidiennement un proche en situation de dépendance. Mais surtout, la Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques (DREES) estime que 1 actif sur 4 sera aidant en 2030.

Selon la définition du code de l’action sociale et des familles (article 113-1-3) : « est considéré comme proche aidant d’une personne âgée son conjoint, le partenaire avec qui elle a conclu un pacte civil de solidarité ou son concubin, un parent ou un allié, définis comme aidants familiaux, ou une personne résidant avec elle ou entretenant avec elle des liens étroits et stables, qui lui vient en aide, de manière régulière et fréquente, à titre non professionnel, pour accomplir tout ou partie des actes ou des activités de la vie quotidienne ».

Des enjeux financiers, personnels, professionnels pour les salariés aidants

Un salarié proche aidant peut être confronté à des difficultés, tant sur le plan personnel que dans la sphère du travail. Concilier son activité professionnelle et l’aide apportée à un proche peut impacter son travail.

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Le premier défi auquel font face les aidants est financier : en plus d’une perte de revenu, les dépenses de ces personnes en soins médicaux peuvent être conséquentes. Aussi, la charge mentale des aidants est très importante et de plus en plus déclarent percevoir davantage les effets négatifs de ce rôle sur leur vie privée. Stresse, fatigue et perte de productivité : le statut d’aidant pèse sur la vie professionnelle.

A ce jour, les dispositifs de droit commun existants sont : le congé de proche aidant, le don de congés, le congé de solidarité familiale (fonction publique). Ces éléments confirment la nécessité de prendre en considération cette thématique qui s’inscrit dans les politiques publiques de santé, de la famille, du travail, du logement et de l’aménagement du territoire.

Comment accompagner ses collaborateurs proches aidants ? : un défi pour les entreprises

Les entreprises sont et seront de plus en plus confrontées à une augmentation du nombre de salariés ayant un rôle d’aidants (allongement de l’espérance de vie, orientation des modes de prise en charge de la dépendance vers du maintien à domicile…).

Les entreprises ont donc un rôle crucial à jouer dans le soutien à ces salariés aidants, qui constitue dès maintenant un défi majeur. Or, l’utilisation des congés et des prestations sociales pour les situations « d’aidance » est limitée : les dispositifs sont encore peu connus, les démarches apparaissent complexes, peu accessibles et surtout, les aidants se reconnaissent peu comme tels. Bien-être au travail, non-discrimination, égalité… L’engagement auprès des salariés aidants s’inscrit pleinement dans les démarches RSE des entreprises.

Dans l’entreprise, certains indicateurs peuvent être observés : des retards, des absences imprévues, des demandes de congés spécifiques, des demandes d’aménagement d’horaires… La fatigue peut également traduire des changements de comportements de la part des proches aidants. La charge mentale et physique portée par les aidants, peut engendrer des risques d’isolement du salarié en entreprise, impactant sur le climat social d’un collectif de travail

➜ Les services RH, les managers, les services de santé au travail sont susceptibles de repérer les risques d’épuisement.

Comment offrir aux salariés aidants un accompagnement répondant à leurs besoins ?

En plus d’instaurer une culture de bienveillance, l’entreprise doit mettre en place des outils pour identifier les besoins de ses salariés aidants et ajuster les réponses apportées (faciliter l’accès à l’information utile, permettre une flexibilité dans la gestion des horaires…). Des actions peuvent être pensées pour prévenir l’épuisement du salarié aidant comme faciliter un diagnostic santé lors de la visite médicale. La santé du salarié aidant doit aussi être préservée en lui assurant des moments de répit et en facilitant la prise de congé. Il faut aussi considérer le salarié aidant comme un atout avec des ressources et des compétences spécifiques comme des soft skills telles que les aptitudes organisationnelles, prise de responsabilités, résilience…

Agir dans le cadre d’une démarche QVT autour des enjeux de santé au travail, de conciliation vie privée/vie professionnelle à travers la sensibilisation de l’encadrement à cette problématique est une démarche recommandée dans le cadre du plan « Stratégie nationale Agir pour les aidants 2020-2022 »

Les managers sont des « personnes ressources » pour les salariés aidants en termes de besoins de flexibilité dans les horaires, d’’organisation du travail (remplacement en cas d’absence) et potentiellement une première écoute. Ils peuvent notamment intervenir en orientant le collaborateur vers l’Assistant social du travail, qui pourra apporter un soutien, un accompagnement dont le salarié a besoin. Cette action permettra au salarié d’évoquer plus librement son statut d’aidant, de sortir de son isolement et par conséquent de se sentir mieux au travail et être plus performant.

Le rôle de l’Assistant social du travail

Proche aidant et personne dépendante

Son rôle est de faciliter la conciliation entre la vie professionnelle et personnelle des salariés proches aidants grâce à sa méthodologie d’intervention :

  • Evaluer la situation dans sa globalité, repérer les risques d’épuisement, prévenir l’isolement et la rupture professionnelle
  • Accompagner à court, moyen ou long terme en informant sur les dispositifs de droit commun ou internes à l’entreprise
  • Orienter vers les partenaires internes (référent handicap, médecine du travail, psychologue du travail) et externes (mutuelle/prévoyance, services de santé publique, Conseil départemental, Maison départementale des personnes en situation de handicap, services d’aides à domicile, services sociaux de secteur, centres locaux d’information et de coordination, associations…)

➜ Pour en savoir plus sur le service SocialDirect, c’est ici.

Pour SocialDirect : Matthieu Guilbert, Directeur Pédagogique à l’ETSUP

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