Le numérique au service de l’égalité Femmes-Hommes
Le 08 mars nous célébrons la journée internationale des droits des femmes dont le thème retenu pour 2023 est « Pour un monde digital inclusif : innovation et technologies pour l’égalité des sexes ».
« Nous le savons tous, l’égalité femmes-hommes est un long combat, finalement assez récent. Dans les enjeux contemporains de ces luttes, le digital est bien sûr un aspect clef. C’est tout l’intérêt de la thématique de cette journée internationale des droits des femmes. Particulièrement sensible à ces sujets comme Assistante Sociale du Travail, je suis également plongée dans le numérique en tant que responsable de l’animation du réseau SocialDirect dont la mission est de rendre pour tous un accès égalitaire à l’accompagnement social grâce au numérique. »
Eve Jouanny, Assistante Sociale Coordinatrice chez SocialDirect
L’évolution des consciences : de l’égalité à l’inclusion
Rappelons d’abord quelques dates :
1874 ➜ Une loi traite pour la première fois les femmes comme des individus spécifiques.
1909 ➜ la loi Enguérand permet aux femmes d’avoir un congé non rémunéré au moment de l‘accouchement et en 1913 ce congé est indemnisé.
1945 ➜ les femmes votent pour la première fois et ce n’est qu’en 1946 que le principe d’égalité femmes-hommes est inscrit dans le préambule de la constitution. L’arrêté du 30 juillet de cette même année vient supprimer le salaire féminin (abattement salarial du fait de leur statut de femme).
1974 ➜ l’iconique Simone Veil est nommée ministre de la Santé puis un secrétariat d’État à la condition féminine est créé.
1982 ➜ la Journée internationale des droits des femmes est reconnue le 8 mars en France. Seront annoncées plusieurs mesures dont le lancement d’une loi antisexiste, d’un statut de co-exploitante, d’un projet de loi sur l’égalité des sexes devant l’emploi ou encore d’un quota aux élections municipales.
L’égalité dans l’entreprise
1965 ➜ les femmes peuvent exercer une activité professionnelle sans le consentement de leur mari.
La loi Roudy réaffirme le principe de l’égalité dans tout le champ professionnel (recrutement, rémunération, et promotion). Pourtant un premier rapport en 1999 établit que seulement 7% des cadres dirigeants des 5000 entreprises françaises sont des femmes.
C’est à partir de 2004 que nait une véritable réflexion sur la lutte contre les violences faites aux femmes avec des mesures telles que l’éloignement du conjoint violent, la lutte contre les discriminations, le renforcement des droits des femmes en congé maternité, l’égal accès des hommes et des femmes aux mandat électoraux, le renforcement des dispositifs de pénalité sur les entreprises ne respectant pas leurs obligations en matière d’égalité professionnelle.
2003 ➜ un Accord National Interprofessionnel propose une politique d’amélioration de la QVT et de l’égalité professionnelle. Une loi promulgue ensuite la parité des responsabilités parentales avec la réforme du congé parental.
Une unité de mesure au service de l’égalité
Décret 2012-265 du 10 mars 2021 qui renforce l’obligation de transparence et de communication sur les rémunérations
Un score est établi de 0 à 100 avec un index basé sur 5 critères :
- L’écart de rémunération entre les hommes et les femmes
- L’écart de répartition des augmentations individuelles
- L’écart de répartition des promotions
- Le nombre de salariées augmentées à leur retour de congé maternité
- La parité des 10 plus hautes rémunérations
Si ce score est inférieur à 75 points au bout de trois ans consécutivement des pénalités financières à hauteur de 1% de la masse salariale peuvent être enclenchées.
D’autres mesures peuvent être prises comme l’obligation de publier sur le site internent des objectifs de progressions sur les indicateurs qui n’ont pas atteint le seuil requis (score inférieur à 85) voire des mesures de corrections comme le rattrapage salarial, une promotion (score inférieur à 75).
Le numérique comme vecteur de transformation
A propos de numérique, cette journée internationale est essentielle pour lutter contre les stéréotypes et notamment dans le milieu de la technologie, avenir de notre société.
En commençant par inciter plus de femmes à accéder à des fonctions à responsabilités dans les technologies numériques, encore trop souvent bastion masculin. Or rappelons-le ce sont des femmes mathématiciennes qui ont programmées le premier ordinateur en 1946 ! Pourtant les métiers du développement par exemple sont encore très largement trustés par les hommes. Seulement 18% des spécialistes des Technologies de l’Information et de la Communication sont des femmes en Europe.
Mais bonne nouvelle ! Ce chiffre tend à évoluer car le milieu de la technologie attire de plus en plus l’attention des femmes grâce notamment à de meilleures conditions de travail. Elles y voient en effet un intérêt dans la conciliation vie pro – vie perso avec la généralisation du télétravail ou encore avec une rémunération attractive qui respecte la parité salariale. Les grandes écoles d’ingénieur.es informatiques l’ont bien compris et souhaitent, elles aussi, casser les codes de l’image du développeur geek accro aux jeux vidéo en libérant le potentiel des femmes et en les incitant à s’approprier ces métiers stratégiques de pouvoir et d’influence.
Alors on y a tous à y gagner comme le démontre cette étude de McKinsey, véritable incubateur de leadership : la parité dans le numérique générerait 10% de PIB supplémentaire d’ici 2025 !
Cette journée va donc mettre à l’honneur les femmes et les filles qui défendent l’avancement de la technologie transformatrice et de l’éducation numérique. Elle mettra en lumière la protection des femmes dans les espaces numériques.
https://www.youtube.com/watch?v=4-VTV9aSoBku0026t=63s
Encore un exemple1 : aujourd’hui, seulement 22% des postes en intelligence artificielle sont occupés par des femmes alors que d’ici 2050, 75% de nos emplois seront liés à des domaines scientifiques et technologiques ! Par rapport à la population masculine, elles sont 259 millions de moins à ne pas avoir accès à internet.
Seul un chercheur sur trois est une femme : les femmes ne représentent que 35% des diplômés dans le domaine scientifique ! Les inégalités véhiculées par les stéréotypes sont encore bien ancrées. Au-delà des lois et autres actions menées pour faciliter l’accès des femmes à ces filières notamment, c’est un vrai travail de communication qui doit être mené afin de briser ces barrières culturelles.
António Guterres, secrétaire général des Nations Unies, a dit dans un discours « les femmes et les filles apportent de la diversité à la recherche, élargissent le vivier de scientifiques et ouvrent l’horizon de la science et de la technologie, pour notre bénéfice à tous et à toutes ». L’expertise des femmes est tout autant essentielle dans le domaine scientifique. Comme l’a souligné la fondation L’Oréal lors de la cérémonie en l’honneur des lauréates au prix international Pour les Femmes et la Science : « nous ne pouvons pas nous permettre de nous priver de la moitié de l’humanité : les femmes font progresser la science et la science fait progresser le monde ! ».
Eve Jouanny, Assistante Sociale Coordinatrice chez SocialDirect
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