Maintien dans l’emploi : comment soutenir les salariés en difficulté ?
Le maintien dans l’emploi des salariés confrontés à des difficultés de santé, de handicap ou de bien-être psychologique est un enjeu stratégique pour les entreprises. Ces situations, bien que complexes, ne doivent pas être perçues comme des obstacles insurmontables. En combinant prévention, coordination des acteurs et accompagnement personnalisé, il est possible de construire des solutions adaptées qui répondent à la fois aux besoins des salariés et aux impératifs des employeurs.
Cet article vise à fournir des conseils pratiques et des ressources, en mettant en avant l’importance de la prévention et de la coordination entre les différents acteurs.
Comprendre les origines des difficultés des salariés
Problèmes de santé physique
Les problèmes de santé physique peuvent inclure des maladies chroniques, des accidents du travail, ou des maladies professionnelles avec des séquelles persistantes. Ces situations nécessitent une évaluation précise des capacités et des restrictions du salarié pour adapter son poste de travail.
Problèmes de santé psychologique
Les problèmes de santé psychologique, tels que la dépression, l’anxiété, ou le burn-out, sont également des facteurs importants à prendre en compte. Ces troubles nécessitent une approche humaine et bienveillante. Les employeurs doivent prévoir des aménagements de poste, des temps de récupération ou encore des dispositifs de soutien psychologique, afin de favoriser un équilibre entre vie professionnelle et personnelle.
Situations de handicap
Les salariés en situation de handicap bénéficient de droits spécifiques, notamment via la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH). Celle-ci ouvre l’accès à des aides financières pour aménager les postes de travail ou former les salariés concernés.
La prévention : un levier stratégique pour le maintien dans l’emploi
Prévention primaire : anticiper les risques
La prévention primaire vise à éviter l’apparition de problèmes de santé. Elle inclut des actions telles que l’évaluation des risques (document unique), la formation des salariés sur les bonnes pratiques, l’amélioration des équipements pour garantir la sécurité. Les employeurs doivent mettre en place des programmes de prévention adaptés aux besoins spécifiques de leurs employés.
Prévention secondaire : intervenir précocement
La prévention secondaire intervient lorsque des problèmes de santé sont déjà présents. Elle vise à détecter ces problèmes le plus tôt possible et à mettre en place des mesures pour éviter leur aggravation. Cela peut inclure des temps de ateliers de sensibilisation.
Prévention tertiaire : accompagner les salariés en difficulté
La prévention tertiaire concerne les salariés déjà en arrêt de travail ou en difficulté. Elle vise à réduire les conséquences des problèmes de santé, à limiter les conséquences des absences prolongées et à favoriser le retour à l’emploi. Cela inclut un accompagnement personnalisé.
Identifier les besoins pour une intervention ciblée
Pour une prévention efficace, il est nécessaire d’identifier les types d’arrêts de travail (maladie, accident du travail, maladie professionnelle) et les profils des salariés concernés ou les populations les plus exposées (postes, services, âge). Cette analyse permet de construire une politique de prévention adaptée à l’entreprise. Par exemple, se concentrer sur le maintien en emploi des salariés séniors, sur l’intégration et l’adaptation aux postes des nouveaux embauchés, ou sur l’amélioration des conditions de travail pour certains postes à risque.
Salariés en difficultés de santé : évaluer les besoins et les capacités
Évaluation médicale
L’évaluation médicale est du ressort du médecin du travail, expert en santé au travail. Il évalue les capacités et les restrictions du salarié. Cette évaluation est cruciale pour proposer des aménagements de poste adaptés et pour suivre l’évolution de l’état de santé du salarié.
Rôle des ressources humaines et des assistants sociaux
Les services RH et les assistants sociaux jouent un rôle complémentaire à celui du médecin du travail. Ils sont responsables de l’accompagnement administratif et social du salarié. Les RH peuvent coordonner les aménagements de poste et les formations nécessaires, tandis que les assistants sociaux apportent un soutien personnalisé et orientent les salariés vers les ressources disponibles.
Mobiliser les acteurs clés du maintien dans l’emploi
Les services des ressources humaines et les managers
Les services des ressources humaines et les managers sont en première ligne pour identifier les besoins des salariés en difficulté. Ils doivent être formés pour reconnaître les signes de détresse, ou signaux d’alerte, et savoir orienter les salariés vers les ressources appropriées. Une communication ouverte et bienveillante est essentielle pour créer un environnement de travail soutenant.
Les assistants sociaux du travail
Les assistants sociaux du travail jouent un rôle crucial dans l’accompagnement des salariés. Ils peuvent fournir des conseils, des orientations, et un soutien administratif pour faciliter le maintien dans l’emploi. Leur expertise est précieuse pour évaluer les besoins personnels et professionnels des salariés.
De plus, ils coordonnent bien souvent les différents acteurs et font le lien avec les organismes.
Les professionnels de la médecine du travail
Les médecins du travail sont des acteurs clés dans la prévention et le maintien dans l’emploi. Ils évaluent les capacités des salariés, proposent des aménagements de poste, et suivent l’évolution de leur état de santé. Ils peuvent venir sur site pour effectuer une étude de poste. Leur rôle est essentiel pour garantir que les salariés puissent continuer à travailler dans des conditions adaptées.
Les organismes tels que CAP EMPLOI et AGEFIPH
CAP EMPLOI et AGEFIPH sont des organismes spécialisés dans l’accompagnement des personnes en situation de handicap. Ils offrent des services de conseil, de formation, et de financement pour l’aménagement de poste. Les employeurs et les salariés peuvent faire appel à ces organismes pour obtenir un soutien personnalisé et des solutions adaptées.
Les leviers possibles pour un accompagnement efficace
Adapter les conditions de travail
Ajustements ergonomiques
L’adaptation du poste de travail peut inclure des aménagements ergonomiques pour réduire les risques de pathologies professionnelles. Un ergonome peut être sollicité par le biais de la médecine du travail pour étudier des pistes d’amélioration techniques et proposer des solutions adaptées.
L’objectif est de permettre au salarié de continuer à travailler dans des conditions adaptées à ses capacités et à ses besoins. Cela peut inclure l’acquisition d’équipements spécifiques pour faciliter le travail et améliorer le confort du salarié : mobilier adapté, outils spécifiques.
Horaires flexibles
Les horaires flexibles permettent aux salariés de mieux gérer leur temps et de s’adapter à leurs contraintes personnelles ou médicales.
Promouvoir la formation professionnelle
Évolution vers un autre poste ou emploi
La formation professionnelle peut être un levier pour permettre aux salariés d’évoluer vers un autre poste ou préparer une reconversion professionnelle. Elle permet d’acquérir de nouvelles compétences et de s’adapter aux exigences du marché du travail. Des dispositifs comme le Compte Personnel de Formation (CPF) ou les aides de l’AGEFIPH facilitent ces transitions.
Maintenir le lien avec le salarié en arrêt
Le courrier de mise à disposition
Le courrier de mise à disposition, rédigé par l’assistant social, a pour objectif de garder le lien avec les salariés en arrêt de travail. L’assistant social prépare en amont le retour en emploi en informant le salarié des démarches à suivre et des ressources disponibles. Il clarifie les étapes à venir et rassure le salarié sur le soutien dont il bénéficie.
La visite de pré-reprise
La visite de pré-reprise peut se faire directement à la demande du salarié auprès du service de santé et de prévention au travail dont il dépend. Elle permet d’évaluer les capacités du salarié avant son retour au travail, de discuter des aménagements nécessaires et de préparer le terrain pour une reprise en douceur. Avec l’accord du salarié, le médecin du travail peut aussi proposé de faire un lien avec l’employeur si des actions doivent être menées dans l’intérêt du salarié.
Le rendez-vous de liaison
Le rendez-vous de liaison est organisé entre l’employeur et le salarié pendant un arrêt de travail. Il permet de discuter des attentes et des besoins de chacun. Il clarifie les modalités de reprise du travail et s’assure que toutes les parties sont alignées sur les objectifs et les moyens à mettre en œuvre. Il peut être organisé à l’initiative de salarié ou de l’employeur.
L’essai encadré
L’essai encadré permet de favoriser le retour à l’emploi d’un salarié en arrêt de travail. C’est une période de test d’une durée de 14 jours renouvelable. L’objectif est d’évaluer la compatibilité d’un poste avec l’état de santé du salarié. Ce dernier peut ainsi tester sa capacité à reprendre son ancien poste, tester un aménagement de poste, tester un nouveau poste, ou préparer une reconversion professionnelle.
Plan d’action personnalisé
Chaque situation nécessite donc un plan d’action personnalisé pour accompagner le salarié dans son maintien dans l’emploi. Ce plan peut inclure des aménagements de poste, des formations, ou un soutien psychologique. Il est important de suivre régulièrement l’évolution du salarié et d’ajuster le plan d’action en fonction de ses besoins.
La notion de temporalité
Le maintien dans l’emploi est un processus qui nécessite du temps et une approche étape par étape. Il est important de ne pas précipiter les choses et de laisser le temps au salarié de s’adapter à ses nouvelles conditions de travail. Une temporalité bien gérée permet de garantir une reprise en douceur et de minimiser les risques de rechute.
Une action coordonnée et personnalisée
Accompagnement individuel
L’accompagnement individuel est essentiel pour répondre aux besoins spécifiques de chaque salarié. Il peut inclure des entretiens réguliers, des suivis médicaux, et des ajustements personnalisés des conditions de travail. Cet accompagnement permet de s’assurer que chaque salarié reçoit le soutien nécessaire pour maintenir son emploi.
Action collective
L’action collective vise à créer un environnement de travail favorable pour tous les salariés. Elle peut inclure des programmes de sensibilisation, des formations collectives, et des améliorations des conditions de travail : sensibilisation aux risques, création d’un environnement inclusif et mise en place de pratiques managériales bienveillantes.
Conclusion
Le maintien dans l’emploi des salariés en difficulté est un défi complexe qui nécessite une approche coordonnée et préventive, mêlant accompagnement individuel et initiatives collectives. Il est essentiel de savoir identifier qui fait quoi et ce qu’il est possible de communiquer dans l’intérêt du salarié pour garantir un accompagnement optimal. En mobilisant les ressources disponibles, en adaptant les conditions de travail et en valorisant les dispositifs de formation, les entreprises peuvent non seulement favoriser la santé et le bien-être des salariés, mais aussi améliorer leur productivité et leur attractivité.
Lire aussi : Reconversion professionnelle : comment rebondir à la suite d’un problème de santé ?
➜ Pour en savoir plus sur le service SocialDirect, c’est ici.
Contactez-nous pour mettre en place le service SocialDirect dans votre entreprise !
Crédits photos : Freepik · gpointstudio · master1305