Santé mentale et QVCT : le rôle des Premiers Secours en Santé Mentale dans les entreprises · Le témoignage de Frédérique
Si la Semaine de la Qualité de Vie et des Conditions de Travail (QVCT) est un moment fort pour sensibiliser et mobiliser, la QVCT ne s’arrête pas là : elle se construit au quotidien, toute l’année.
Parmi les piliers d’un environnement de travail sain, la santé mentale reste encore trop souvent invisibilisée, alors même qu’elle conditionne notre capacité à interagir, à travailler et à évoluer professionnellement. La prévention des risques psychosociaux ne suffit pas à elle seule : il faut aussi outiller les acteurs de l’entreprise pour repérer, accueillir et orienter les personnes en souffrance.
C’est dans ce contexte que la formation aux Premiers Secours en Santé Mentale (PSSM) prend tout son sens. Elle apporte un cadre structurant et une posture d’intervention, accessible à toutes et tous, qui peut réellement faire la différence.
Frédérique, assistante sociale en entreprise, partage ici son expérience et son engagement.
➜ Qu’est-ce que représente la santé mentale pour toi ?
La santé mentale, c’est un point d’équilibre.
Un équilibre entre nos émotions, nos relations, notre capacité à faire face aux épreuves – petites ou grandes – de la vie. Trop souvent encore, on la traite comme un sujet à part, alors qu’elle est au cœur de notre santé globale, au même titre que la santé physique.
Être en bonne santé mentale, ce n’est pas ne jamais flancher. C’est ce qui nous permet de faire face aux aléas de la vie, c’est avoir les ressources pour poser des limites, demander de l’aide, prendre des décisions pour soi.
La santé mentale est trop souvent un sujet tabou, alors même qu’en France 53% de la population indique avoir connu un épisode de souffrance psychique au cours des douze derniers mois.(1)
Les troubles psychiques peuvent toucher tout le monde. Des signaux faibles, des tempêtes silencieuses, qui parfois s’aggravent quand elles ne sont pas prises en charge.
En tant qu’assistante sociale, je constate aussi que certains événements de vie peuvent être des facteurs de risque : difficultés de logement, conflits familiaux, surcharge professionnelle, mais aussi passage à la retraite, arrivée d’un enfant, etc. Autant de réalités concrètes qui peuvent fragiliser l’équilibre psychique.
➜ Pourquoi as-tu souhaité te former aux Premiers Secours en Santé Mentale ?
Dans les entreprises, les situations de mal-être psychique sont de plus en plus fréquentes.
Pourtant, les managers, les collègues ou même les services RH ne savent pas toujours comment réagir. Le silence ou les maladresses peuvent aggraver la souffrance au lieu de la soulager.
Par mon métier d’assistante sociale, j’ai déjà une pratique ancrée de l’écoute active. Mais je souhaitais compléter et structurer davantage mon approche auprès des personnes présentant des troubles psychiques.
Finalement, se former aux Premiers Secours en Santé Mentale était pour moi une évidence. De la même façon qu’il existe des gestes de premiers secours en cas de malaises physiques, cette formation citoyenne permet d’apprendre à réagir en cas de troubles psychiques, de disposer d’une méthode claire pour intervenir, sans aggraver la situation, sans se substituer aux professionnels du soin.
C’était aussi une occasion de valoriser ce rôle d’écoute et d’approche psychosociale qu’incarnent les assistants sociaux auprès des interlocuteurs RH, souvent démunis face à ces situations.
➜ Comment s’est passée la formation ?
La démarche PSSM s’inscrit directement dans l’esprit de la QVCT : rendre le collectif de travail plus attentif, plus formé, plus humain face à la détresse psychique. Elle contribue à renforcer la culture de prévention dans les organisations.
Tout d’abord il s’agit de sensibiliser aux troubles psychiques et de mieux repérer les signaux d’alerte. La formation s’appuie notamment sur des témoignages de personnes concernées, ce qui permet de mettre des visages et des mots sur des réalités souvent méconnues ou invisibles.
La question, c’est : est-ce qu’on sait comment y répondre ? Est-ce qu’on ose agir ? Et est-ce qu’on agit correctement ?
La formation PSSM apporte une réponse claire, structurée et pragmatique :
• Deux jours
• Une méthode concrète : AERER (Approcher, Écouter, Réconforter, Encourager, Renseigner)
• Des gestes de premiers secours pour la santé mentale, comme on les connaît déjà pour la santé physique
La formation que j’ai suivie en partenariat avec Bodih donne des repères pour intervenir, sans s’improviser thérapeute, on ne pose pas de diagnostic médical. Il s’agit de savoir comment réagir, parce qu’on peut tous, un jour, être ce premier maillon humain qui fera toute la différence.
➜ Est-ce que tu as pu appliquer ce que tu as appris ?
Le lien avec la QVCT est ici direct : chaque salarié peut devenir acteur de bienveillance et de vigilance, à condition d’avoir les bons outils. Créer des environnements de travail plus sûrs sur le plan émotionnel passe par la diffusion de ces compétences.
Depuis la formation, j’ai pu mettre ces acquis en pratique à deux reprises.
Une fois dans mon quartier, en allant au-devant d’une personne âgée désorientée. Une autre fois, dans mon travail, face à un salarié en grande souffrance psychique.
Dans les deux cas, cette formation m’a permis de poser des mots, de sécuriser la relation, de proposer des relais adaptés — sans prendre la place d’un professionnel de santé mentale, mais en étant un maillon vigilant et humain dans la chaîne d’accompagnement.
➜ Ce que tu retiens, le mot de la fin
On ne peut pas toujours tout « réparer ». Mais on peut être là. Être un point d’appui, un moment donné. Et c’est déjà beaucoup.
En tant qu’assistante sociale, mon rôle est d’écouter, de faire émerger les besoins, d’orienter, de soutenir sans diriger.
En tant que citoyenne je pense qu’on est tous concerné. Et cette formation m’a rappelé que la santé mentale est l’affaire de tous.
La santé mentale a été désignée grande cause nationale en 2025. C’est le moment d’agir, de se former, de changer notre regard. ➜ En savoir plus sur la grande cause nationale « Parlons santé mentale »
Santé mentale et QVCT : une piste concrète d’action
Former les équipes aux Premiers Secours en Santé Mentale, c’est pas qu’une sensibilisation :
c’est une démarche concrète de prévention, de solidarité, et de mieux-être au travail.
En investissant dans ces formations, les entreprises donnent aux salariés les moyens d’agir avec justesse et humanité, renforcent le lien collectif et participent à un climat de travail plus serein. Parce qu’améliorer la QVCT, c’est aussi reconnaître la part d’humain au cœur du travail.
Sources
(1) La santé mentale : grande cause nationale 2025 · travail-emploi.gouv.fr · 2025
Témoignage de Frédérique Levée, Responsable métier et assistante sociale chez SocialDirect
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